Michel et Michelle sont au RMI et ils vivent dans une chambre de bonne insalubre du Vieux Quartier, qui était l’endroit le plus pauvre d’Epura avant d’être réhabilité. Cultivés, intellectuellement exigeants, ils vivent chichement, n’ayant pas de gros besoins du fait qu’ils bénéficient de la gratuité d’accès aux médiathèques et aux musés d’Épura. L’herbe qu’ils cultivent dans leur placard à l’aide d’une lampe UV suffit à assurer leur consommation. Ils passent leurs journées à lire et à regarder des films sur un téléviseur obsolète. Leur intérieur sent la pisse de Bataille, le chat. Michel et Michelle ne se plaignent pas, ils se sentent « libres dans leur tête », le SM pauvre – qu’ils pratiquent avec les moyens du bord (couteaux de cuisine, sacs plastiques, clous et planches trouvés dans la rue…)- est leur manière de gérer la souffrance existentielle.
Michel et Michelle n’ont pas toujours vécu ainsi : du temps où Michel travaillait dans le nucléaire, ils ont été propriétaires d’une petite maison, dont ils n’ont pas pus finir de payer les traites à partir du moment où Michel a perdu son emploi pour cause de maladie. Michel est stéril, les téléviseurs se brouillent lorsqu’il s’approche d’eux à moins d’un mètre.
Apprenant qu’ils ont tous les deux un cancer, Michel et Michelle vont fusionner et créer une entité à deux têtes, deux consciences et un seul cœur : RMI, spectre nu qui projette les gens dans une réalité où se matérialisent leurs pires craintes d’avenir : chaos environnemental, guerre civile, société totalitaire, épuisement des ressources…
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